Gestion des adventices
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La nutrition du sol : une réponse durable contre le stress et les adventices

Roméo Vezo
20/10/22

Les échecs des techniques classiques face aux problématiques d’adventices invasives et des phénomènes de résistance nous ont amené à changer notre façon de penser.

Nous n’avons jamais été aussi bien équipés pour maintenir des champs propres, et pourtant ces problématiques ne vont pas en s’améliorant.

Nous nous sommes donc intéressés aux travaux de Gérard Ducerf sur la bio-indication pour leur donner une lecture pratique en système grandes cultures.

Le point de départ est de se demander : pourquoi le ray grass et vulpins deviennent invasifs dans nos systèmes de cultures ? Quelles sont les conditions de sol favorables à leur levée de dormance ?

Les problématiques d’aujourd’hui

Du point de vue de la bio-indication, la majorité des adventices invasives en système grandes cultures sont dues à une mauvaise évolution de la matière organique.

La décalcification des sols est un phénomène naturel

Le calcium dans la solution du sol est lessivable. La décalcification sur les premiers centimètres du sol est un phénomène récurrent si la stratégie d’amendements calciques a été laissée de côté.

Cette décalcification est accompagnée d'une dislocation des argiles qui ne sont plus floculées en surface. Il n’y a plus de construction d’agrégats et une croûte de battance se crée.

Cette asphyxie de surface crée des anaérobioses : la matière organique qui n’est plus liée au complexe argilo-humique est mise en fermentation.

Il peut être donc important d'apporter du calcaire, indépendamment du pH du sol.

Le calcium est un élément indispensable à la structuration du sol. ll sert de pont entre la matière organique et les argiles pour former le complexe argilo-humique. Celui-ci engendre une meilleure aération du sol et améliore le potentiel de rétention des éléments minéraux.

Des apports de carbonate de calcium adaptés permettent de :

  • Limiter les anaérobioses en amenant de la structure directe.
  • Favoriser la MO labile : en évitant que la MO se stabilise de façon anarchique au travers de l’anaérobiose.
  • Régler les problèmes de structure (liaison Argile-Calcium-Humus) : en créant une meilleure aération du sol ainsi qu’une meilleure infiltration et absorption de l’eau.
  • Retrouver une efficacité du désherbage (vulpin, ray-grass, chardon) : en créant des conditions défavorables à leur levée de dormance.
Test au champ pour montrer l'effet des apports de CaCO3 sur la structure du sol : témoin (à gauche) - apport de l'équivalent de 400 kg/ha de calcaire à droite (OLIGO+, 2023)

La dispersion du complexe argilo-humique

Pour obtenir de l'énergie, les bactéries du sol ont besoin d’oxygène : c’est la respiration.

Quand le milieu est bien structuré, elles utilisent l'oxygène O2 dissous dans l'eau et sur le CaCO3 pour libérer des éléments calcium et du CO2. Quand le milieu est anaérobie, elles respirent sur les nitrates et les argiles.

Des conditions anaérobies participent donc à la dispersion des argiles et aggravent les phénomènes d’anaérobioses. Ce phénomène, combiné à un excès de sodium ainsi qu’un manque de carbonate de calcium, crée un cercle négatif de fertilité du sol.

Les conséquences :

  • Aggravation du phénomène de dislocation des argiles, ce qui peut basculer dans des cas extrêmes sur de l’hydromorphie grave et sur de la MO en complète fermentation.
  • Blocage d'éléments nutritifs qui deviennent non-assimilables pour les cultures (cuivre, manganèse, bore, etc.).
Les anaérobioses favorisent la dispersion des argiles (OLIGO+, 2023)

Ce que vous indiquent les invasions de ray grass et de vulpins sur vos parcelles

Dans l’approche bio-indication basée sur les travaux de Gérard Ducerf, les invasions de ray-grass et de vulpins ne sont que la conséquence indirecte d'un milieu favorable. 

Bio-indication du vulpin :

Un engorgement du sol en eau et en matière organique, provoquant des hydromorphies avec formation d’anaérobioses par asphyxie de la vie microbienne aérobie.

Bio-indication du ray grass :

Une mauvaise évolution de la matière organique vers des niveaux trop stables. Le ray-grass montre une biologie du sol qui n’est pas en adéquation avec ce qu'on attend d’un système de grandes cultures.

Un dérèglement des bases du sol et une perte d'argiles : cette adventice indique un problème de bases solubles (disponibilité en magnésium, potassium et calcium), ainsi qu’une expression du sodium qui devient trop importante. La perte d’argiles est un phénomène naturel qu'il faut tendre à limiter.

Schéma récapitulatif des causes de l'apparition d'adventices invasives (OLIGO+, 2023)

Comment identifier rapidement les problématiques et quelles mesures concrètes mettre en place ?

Voici des tests simples à mettre en place au champ identifier les problématiques liées au calcaire et à la matière organique ainsi que des solutions pour améliorer leur gestion. 

Testez votre matière organique avec de l’eau oxygénée

La structure du sol est assurée par le complexe argilo-humique et par la matière organique labile produite par les racines et la microbiologie du sol. Les micro-organismes sécrètent de la glomaline = "colle du sol" qui stabilise les agrégats.

Pour se rendre compte de la qualité de la MO de vos sol, un test très simple peut être réalisé avec de l’eau oxygénée.

Celui-ci consiste à déposer quelques gouttes d’eau oxygénée (peroxyde d'hydrogène) sur de la terre et à observer la réaction. Celle-ci consomme les matières azotées et carbonées de la matière organique et crée la formation de bulles :

  • Une réaction effervescente rapide et continue indique une matière organique équilibrée = un bon niveau de MO labile.
  • Une effervescence tardive et peu réactive signifie que la matière organique n'est pas équilibrée.

Ce test simple et visuel peut être complété par des analyses de sol poussées pour qualifier précisément la matière organique (ex : Auréa, Celestalab).

→ Pour le bon fonctionnement d’un système céréalier, la proportion idéale à rechercher est d’environ 40% de MO labile pour 60% de MO stable.

Testez votre niveau de calcaire actif à la surface de vos sols

Le test à l'acide chlorhydrique permet d'identifier le taux de calcaire actif dans le sol.

Le calcaire réagit avec l’acide pour former de l’eau et du dioxyde de carbone : CO3+ 2H+ → CO2 + H2O. 

La présence de calcaire entraîne donc une réaction effervescente lorsque l’on verse quelques gouttes d’acide sur de la terre :

  • Réaction effervescente : le sol contient >10% de CaCO3.
  • Réaction faible : le taux de calcaire est inférieur à 2%.
  • Pas de réaction : pas de calcaire dans le sol.

Ce test est à réaliser dans les 5 premiers centimètres du sol et à 30 centimètres pour mettre en évidence le lessivage du calcaire. Il peut également être réalisé sur des turricules de vers de terre.

Si le test est positif à 30 cm de profondeur et dans les turricules et négatif dans les 5 premiers , la décalcification est démontrée.

→ En cas de manque avéré, nous recommandons un entretien des parcelles avec des apports de calcaire : application de CaCO3 à hauteur de 1 t/ha pour 10% d’argiles tous les ans.

Le calcium est un des piliers de la fertilité du sol (OLIGO+, 2023)

Restituer au sol des couverts jeunes

La matière organique labile vient principalement des racines (2,5 fois plus que les parties aériennes).

Les graminées sont des plantes qui luttent contre les anaérobioses en apportant de la matière organique labile via leurs exsudats racinaires.

Il est donc intéressant de les semer en couvert végétal d’interculture pour gérer cette problématique de qualité de MO.

Gestion du couvert de graminées :

  • Au minimum 250 pieds/m2 levés avec environ 70% de graminées et 30% de légumineuses.
  • Possibilités de choix des graminées pour le couvert : ray grass, blé, orge de printemps ou d’hiver.
  • Broyage ou mulchage avant floraison pour éviter la lignification et restituer de l’azote organique au sol.
Couvert d'interculture broyé avant implantation d'une pomme de terre (source : Baptiste Maître, 2023)

Adapter la gestion de la paille

La paille est considérée comme un éco-carburant du sol, c'est vrai sur le papier. 

Néanmoins, dans des cas avérées de problématiques d’adventices invasives, restituer au sol des pailles broyées finement peut entraîner des complications.

Plus les pailles sont broyées fines et plus elles génèrent de menue paille (15 à 30% en plus lors du broyage).

Plus on broie fin, plus on favorise les anaérobioses.

Un gros point de vigilance soit donc être porté sur la gestion de la paille pour éviter d’aggraver les problématiques liées au désherbage.

Comment adapter la gestion de la paille :

  • Ne récolter que les épis et faucher la paille en brin-long pour éviter le broyage.
  • Possibilité d’exporter les pailles.
  • Investir dans un récupérateur de menue paille.

Chez Oligo+, notre mission est de simplifier votre métier en vous permettant de travailler plus sereinement, d'améliorer vos marges et d'avoir une meilleure intégration environnementale.

Comment ?

En proposant des engrais à la fois simples d’utilisation, révolutionnaires et économiques.

En intégrant un service qui vous accompagne tout au long des cycles culturaux, dans vos prises de décisions, et détermine avec vous le meilleur moment pour l’épandage des engrais.

Notre volonté est d’apporter de l’importance à la prise en compte de trois facteurs qui sont indispensables pour faire progresser un système : l’Homme, le sol et la plante. Nous construisons une méthode solide et personnalisée, qui saura s’adapter à chaque ferme pour combiner performance et protection du sol grâce à des pratiques simples et maitrisées.