Après avoir connu une croissance continue sur la deuxième moitié du XXème siècle, les rendements stagnent en France depuis les années 1990.
Autrement dit, la biomasse récoltée à l’hectare n'augmente plus pour la majorité des espèces cultivées et il est important d’en analyser les causes.
Nous nous baserons ici essentiellement sur les résultats publiés en novembre 2018 par Schauberger et al. dans une étude intitulée “Analyse de l'évolution des rendements, de la variabilité et de la stagnation des principales cultures en France sur plus d'un siècle” disponible sur ce lien.
Des chercheurs ont examiné des données portant sur 96 départements métropolitains français, comprenant plus de 120.000 observations de rendements agricoles de 1900 à 2016 pour dix cultures : l'orge, le blé tendre, le blé dur, le maïs, l'avoine, la pomme de terre, le colza, la betterave sucrière, le tournesol et la vigne.
Selon cette étude, la progression des rendements agricoles a stagné à partir de 1990 pour le blé tendre, le blé dur, l'orge, l'avoine et le tournesol. Ce qui est confirmé par toutes les statistiques.
Cette stagnation des rendements n'est pas propre à la France, mais concerne également plusieurs autres pays européens. En examinant les courbes de rendement en Belgique, Allemagne et Italie : on observe la même tendance dans ces pays.
Cette stagnation des rendements ne peut être attribuée à un seul facteur, et diverses pistes ont été explorées pour comprendre ce phénomène.
Toutefois, cette étude révèle que l'amélioration génétique des potentiels de rendements n'est pas à l'origine de cette stagnation !
1 - La diminution de la fertilisation :
💡 Ce point sera approfondi dans la section suivante.
2 - Les changements climatiques :
3 - Les décisions politiques :
4 - L’évolution des pratiques culturales :
5 - La conversion vers le bio :
L'étude a révélé une forte corrélation entre l'évolution des rendements et celle des apports en engrais azotés (N) et en potassium (K2O). Un apport insuffisant en nutriments a une influence négative sur les niveaux de rendement moyens (à l'exception du blé dur et du raisin).
Les données sur l'application d'engrais n’étant pas spécifiques à chaque culture, il est difficile de tirer des conclusions précises sur l'effet de l'apport en éléments nutritifs sur les tendances des rendements pour chaque culture individuelle. Néanmoins, l’analyse permet de tirer des grandes tendances et d’étayer des hypothèses.
Depuis les années 1990, la consommation d’engrais est en baisse en France et dans d’autres pays européens (voir graphiques ci-dessous).
Si on multiplie les exportations par le nombre d’années, on se rend compte qu’on a peut-être vidé une partie de la réserve. Cette hypothèse pourrait expliquer en partie pourquoi le potentiel génétique des cultures n’est pas atteint aujourd’hui.
⚠️ À noter : seuls les taux d'application d'engrais minéraux ont été pris en compte dans l’analyse, alors que l'application d'engrais organiques peut également jouer un rôle crucial dans certains départements.
À titre de comparaison, il est intéressant de constater que cette tendance n'est pas observée dans d'autres grands pays producteurs de céréales.
Pour étayer cette affirmation, nous avons examiné les courbes de rendement et la consommation d'engrais aux États-Unis, en Argentine, en Ukraine, au Canada et en Russie.
On observe que les rendements ne stagnent pas et que la consommation d'engrais augmente dans ces pays.
La stagnation des rendements est un problème à la fois à l’échelle internationale car la France est un exportateur majeur vers de nombreux pays, et à l’échelle locale pour la compétitivité et rentabilité des fermes françaises.
L’objectif n’est pas de revenir à la période pré-1990 en termes de technique. La révolution verte, avec l’avènement des machines, des engrais et des produits de santé végétale, est arrivée pour nourrir un pays d’après-guerre affamé.
Des arguments contre ces méthodes sont tout à fait justifiés et louables. Le contexte a changé et nous évoluons sur nos pratiques pour s'affranchir de celles qui ont des impacts forts sur l'environnement et le bilan carbone.
Comme nous l’avons vu dans la précédente News Letter sur l’essai à long terme de Hanninghof, les meilleures performances économiques et écologiques dans la durée sont atteintes grâce à une nutrition optimisée des cultures.
Il est donc important de proposer des solutions pour continuer à apporter des engrais de manière plus efficace, plus local et plus écologique !
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