La semaine dernière, nous avons vu la première partie de notre échange avec Nathan O’Berry, agronome chez Pioneer aux États-Unis et collaborateur de David Hula, détenteur du record mondial de rendement en maïs.
Nous y avons exploré le contexte agricole américain ainsi que les pratiques de fertilisation foliaire sur grandes cultures.
Dans ce second épisode, Nathan nous entraîne au cœur de la fameuse "méthode Hula" : une approche méticuleuse où chaque décision, chaque essai, chaque anticipation est pensée pour repousser les limites du rendement et viser l’excellence absolue.
"L’usage des drones agricoles explose aux États-Unis ! En deux ans, leur présence est passée d’anecdotique à incontournable. Semis de couverts, fertilisation, fongicides : tout y passe.
Chez les “top-yielders” (agriculteurs qui font le plus de rendement) comme David, c’est devenu un levier stratégique, en particulier pour les applications tardives, là où les pulvérisateurs classiques ne peuvent plus passer.
Mais ce n’est pas qu’une histoire de technologie. Le frein principal reste l’intégration aux bons moments d’application. Chez David, c’est précisément ce timing qui fait toute la différence."
"David est allé jusqu’à 16 applications différentes sur l’année : fertilisation de fond avant le semis, starter à la plantation, puis des apports réguliers jusqu’à la maturité, en intégrant l’irrigation et tout le reste.
L’idée est de donner à la plante exactement ce dont elle a besoin, au bon moment. Et surtout, éviter toute perte.
Son collègue Alex Harrell, recordman mondial de rendement en soja dans l’état de Géorgie, partage exactement le même état d’esprit : de petites quantités, appliquées le plus souvent possible. Sur sa parcelle record où il a atteint les 147 q/ha en 2024, il a fait 32 passages en comptant tout : semis, récolte, travail du sol, applications.
Si tu peux passer de 3 applications à 6, 7 ou plus, la plante va mieux absorber les nutriments, et tu limites énormément les pertes par lessivage ou volatilisation.
Ce n’est pas forcément des "micro-doses", mais clairement : fractionner les apports foliaires, c’est une des grandes clés du très haut rendement. C’est cette rigueur-là qui crée les rendements fous !
"Il y a d’abord la densité de semis. David sème plus dense que la moyenne. Mais ce n’est pas juste pour “mettre plus de plants”. C’est parce qu’il sait que chaque plant doit devenir un épi complet, bien formé, bien nourri. Il adapte ses apports pour que chaque plante ait les ressources de remplir son potentiel génétique.
Ce qu’il vise, c’est l’homogénéité. Tous les épis doivent faire la même taille, avoir le même nombre de rangs, et surtout, le maximum de grains bien fécondés. C’est là que le moindre détail paie.
Il compte les grains par épi, rang par rang. L’objectif, c’est pas juste un gros épi — c’est un épi régulier, avec 16 ou 18 rangs, et 45 à 50 grains par rang, sans trou.
David a une vraie obsession du détail. Il marche tous les dimanches matin dans ses champs avant d’aller à l’église, notamment pour prélever des échantillons de feuilles. Il fait des analyses foliaires chaque semaine, ajuste ses décisions en direct. Il connaît l’état nutritionnel de sa plante en temps réel.
Il trie ses semences à la main, règle ses semoirs au millimètre. Objectif : que tous les plants lèvent ensemble, dans une fenêtre de 12 à 24h. L’uniformité, c’est plus ou moins 13 q/ha à la récolte. Chez Pioneer, on a mesuré jusqu’à plus de 60 q/ha de différence si une seule rangée lève plus tard que les autres.
David n’hésite pas à tester des idées farfelues… comme l’application de sucre type Mountain Dew concentré pour offrir 8 minutes de photosynthèse en plus par jour (le Mountain Dew « rosée de la montagne » est un soda au goût d'agrumes et caféiné commercialisé par le groupe PepsiCo).
Il a même conçu un fertilisant foliaire maison appelé Kryptonite, vert fluo, qui sert de support à ses apports nutritionnels. Un mélange improbable, mais redoutablement efficace !
En 2024, une sécheresse extrême a drastiquement impacté les rendements. David, pourtant irrigué, est passé de 392 à 314 q/ha. Pourquoi ? L’eau pompée dans la rivière était trop salée, à cause de la proximité de la mer.
La résilience devient donc une variable clé. Et le drone peut devenir un joker dans les fenêtres météo ultra-courtes."
"David pense qu’on peut dépasser les 750 quintaux par hectare. Oui, 754 ! Sachant qu’aujourd’hui, son record est à 392 q/ha.
C’est une autre planète. Mais ce qu’il prouve, c’est qu’avec des conditions idéales et une discipline extrême, le maïs peut produire bien plus qu’on ne l’imagine.
Et ça commence par de “petites choses” :
✔️ Une levée uniforme.
✔️ Des micro-apports bien ciblés.
✔️ Une lecture fine de la nutrition foliaire.
✔️ Une adaptation au stress climatique.
✔️ Une densité cohérente avec les ressources.
✔️ Et l'audace de tester l'improbable."
"On n’a pas besoin de viser les 392 q/ha pour apprendre de David Hula.
Mais si on commence à raisonner comme lui, à observer plus finement, à oser plus de passages (même à petite échelle), on peut déjà gagner 15, 20, 30 quintaux de plus sur une campagne.
Le rendement, ce n’est pas un miracle. C’est une somme de décisions bien calées !"
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