Analyses de sol : 5 indicateurs clés à décrypter pour éviter les pertes de rendement

L’analyse de sol est un outil précieux pour comprendre les dynamiques qui se jouent sous vos pieds, mais encore faut-il savoir où regarder pour orienter vos décisions pratiques sur le terrain !

Dans cette newsletter, je vous présente cinq indicateurs essentiels à considérer dans vos analyses de sol.

Ces éléments vous aideront à identifier vos priorités de travail et à ajuster vos pratiques culturales en fonction des spécificités de vos parcelles.

1. La Capacité d'Échange Cationique (CEC) : la taille de votre "frigo"

La CEC mesure la capacité de votre sol à retenir et échanger des cations (calcium, magnésium, potassium, etc.). Elle représente en quelque sorte la taille du réservoir nutritif de votre sol.

👉 CEC < 15 : indique un sol peu argileux (entre 5 et 15% d’argiles) avec une faible réserve en nutriments. Il est possible d’avoir des blocages de fumure à destination nutritionnelle.

👉 Entre 5 et 15 de CEC, on retrouve souvent une problématique ray-grass. Tandis qu’entre 15 et 25 de CEC, on retrouve souvent une problématique de vulpin. Voir l’article suivant : Comment reconnaître efficacement des terres à ray-grass ou à vulpins ?

2. La Matière Organique (MO) : qualité et équilibre

Le taux de matière organique est souvent pris en compte, mais il ne faut pas négliger sa qualité.

💡 Il est important de différencier deux types de MO :

• La MO labile : principalement issue des racines, cette fraction nourrit directement les micro-organismes du sol et favorise l’activité biologique. Elle nous renseigne sur l’activité racinaire et la dynamique de décomposition.
• La MO stable : cette partie de la MO contribue à la structuration du sol lorsqu’elle est liée aux argiles. Cependant, non-liée, elle peut entraîner des fermentations et favoriser la levée de dormance d’adventices indésirables.

👉 L’équilibre idéal est d’environ 40% de MO labile pour 60% de MO stable. Pour connaître votre qualité de MO, vous pouvez passer par des laboratoires spécialisés tels que AUREA ou CELESTA LAB. Vous pouvez également utiliser le test à l’eau oxygénée pour l’estimer visuellement (voir le protocole à la fin de cet article).

👉 Le ratio MO/argiles idéal à viser est de 1,5 à 1,7% MO pour 10% d’argile. Un déséquilibre dans ce ratio signale que la matière organique n’est plus correctement liée aux argiles, ce qui augmente les risques de stabilisation excessive. À noter que, selon la bio-indication, 80% des problématiques d’adventices proviennent des accumulations/excès/mauvaise dégradation de matière organique.

3. Sodium (Na) et CaCO3 : un duo à surveiller

L’excès de sodium dans le sol peut poser de sérieux problèmes. Il freine la décomposition de la matière organique (le sel est utilisé pour conserver la nourriture) et déstructure le complexe argilo-humique par sa monovalence.

⚠️ Seuil d’alerte : si le taux de sodium dépasse 5 ppm et que le taux de CaCO3 est inférieur à 5%, il est nécessaire de prendre des mesures correctives (apport de gypse notamment).

👉 Le calcium contenu dans le carbonate de calcium a un effet structurant en créant des liaisons entre les particules d’argile et les matières organiques, influençant directement la dynamique du sol.

4. Le rapport K/Mg : l’équilibre nutritionnel

Le rapport entre le potassium (K) et le magnésium (Mg) est un indicateur clé pour l’alimentation des plantes.

👉 Le ratio idéal : autour de 2. Si le rapport K/Mg est très inférieur, cela peut indiquer un excès de magnésium qui bloque l’assimilation du potassium, un problème fréquent dans les sols argileux.

👉 Quelle conséquence ? Un déséquilibre dans ce rapport peut limiter la disponibilité du potassium, élément indispensable pour la croissance et la qualité des rendements.

⚠️ Même si l’analyse de sol révèle des niveaux satisfaisants, voire excédentaires, en potassium et magnésium, il est fréquent de constater des carences en ces éléments sur le terrain et dans les plantes. Cela souligne l'importance d'ajuster la nutrition en K et Mg chaque année, au minimum en fonction des exportations des cultures, pour éviter ces déficiences.

5. Les oligo-éléments : une disponibilité parfois trompeuse

Grâce à l’analyse de sol, il est possible d’agir en prévention des carences et de l’apparition de maladies de façon à les éviter plutôt que d’avoir à lutter contre elles.

Même si les oligo-éléments sont présents dans le sol, ils peuvent ne pas être accessibles aux plantes. Leur disponibilité dépend étroitement des conditions pédoclimatiques et de l'équilibre du sol.

Voici quelques points de vigilance à avoir :

🌿 Le manganèse est facilement bloqué dans des sols soufflés et dans des sols riches en matière organique stable (taux de MO > 2,5% = risques de blocages). Sa disponibilité diminue lorsque le pH augmente : au-delà de 6,3 il devient insoluble.

🌿 Le zinc est facilement bloqué dans les sols organiques. Un mauvais équilibre avec le manganèse, le fer ou le phosphore réduit son assimilation.

🌿 Le cuivre est vite bloqué par des excès de MO stable : des niveaux de MO > 2,5% peuvent entraînent des blocages de cuivre.

🌿 Le bore nécessite un équilibre avec le potassium pour être bien assimilé. De plus, il agit en synergie avec le calcium : il améliore l’absorption de celui-ci par la plante. Ce lien entre bore et calcium peut être observé facilement par la formation de “zip” sur les feuilles des céréales. Voir cet article : Le bore aide aide à l’assimilation du calcium par les céréales.

Les analyses foliaires peuvent être un complément précieux à l’analyse de sol, en identifiant les carences potentielles avant qu’elles ne pénalisent vos cultures. Elles vous permettent ainsi d’ajuster vos pratiques avant qu'il ne soit trop tard.

Chez Oligo+, notre mission est de simplifier votre métier en vous permettant de travailler plus sereinement, d'améliorer vos marges et d'avoir une meilleure intégration environnementale.

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